POINT DE VUE
Le portrait est sans aucun doute un exercice de vérité des plus complexes. Il ne fait pas seulement trace d'un visage mais tente à l'infini de sonder l'intériorité des sujets. Ceux-ci, peints ou photographiés, nous regardent comme pour établir une étrange communication de regard à regard.
Depuis longtemps JYM en a conscience et, s'il explore les visages, ce n'est pas par romantisme mais pour en extraire exclusivement la part sombre qui se tapit en nous. Cette part d'inavouable, invisible, parfois en révolte, s'illustre dans la silencieuse gravité des regards.
Imprégné de Post-Punk, de Cold Wave, JYM puise dans ces courants musicaux le minimalisme et la froideur dont il auréole ses images. Cependant, comme pour aller plus loin dans sa propre quête artistique, il se sert de la peinture et de la photographie pour mettre en jeu les questions de l'identité, du réel et de la vérité.
En effet, si la photographie illustre une certaine réalité (ce qui a été), la peinture est insoumise aux dictats de cette supposée réalité. En cela, JYM se tient sur le fil qui sépare le vrai du faux, le réel de l'imaginaire, la vérité du mensonge...
Autant, les deux photographies de Patti Smith nous aspirent par son expressivité sombre et au demeurant réaliste, autant les portraits peints nous emmènent vers des visages inventés, sans sourire et répertoriés par des numéros.
Loin de pouvoir développer dans ces lignes tout ce qu'il faudrait dire et penser, je voudrais conclure par l'idée que JYM manipule le masque que nous portons tous parfois.
Qu'y a t-il de part et d'autre ? Qui suis-je dans ce double-face ? Suis-je moi ou un autre ? Et puis, où suis-je dans le regard de l'autre ?
JYM touche bien à notre fragilité et à notre noirceur.
Il rend celle-ci splendide dans «la pseudo-réalité» de ses photographies. Il la rend universelle et intrigante dans la pratique de sa peinture.
Affronter les multiples visages qui vont se regarder et rencontrer le vôtre.
Qui sait ce que vous trouverez !
POINT OF VIEW
Producing a portrait is without doubt one of the most complex artistic accomplishments. It is not simply a case of leaving a record of a face, but an exercise to seek beyond the personality of the person behind the face. The individuals in the portraits, whether painted or photographed, look out of the portrait to form an unusual communication with us; they look at us, either individually or collectively, and we, in turn, either individually or collectively, look back at them. JYM has been conscious of this phenomenon for a long time, and when he explores faces, it is not through any romantic notion to find the superficial beauty of the face, but rather to draw out the dark part that lurks hidden within us all. This element is taboo, invisible, sometimes in rebellion, and illustrated through the silent gravity of the person looking out at us.
JYM is steeped in Post-Punk and Cold Wave and digs deep into these musical trends for the minimalism and coldness that typify his style. But not content solely with these influences, he is forever searching further in his artistic quest, using his painting and his photography to question identity; what is real, and what is true. If photography illustrates a certain reality (what has been), painting is not subject to the confines of this supposed reality. In this, JYM walks the tightrope that separates the true from the false, the real from the imaginary, the truth from the lie…….
As much as we are drawn to the two photographs of Patti Smith with their sombre expressivity and clearly in the domain of reality, we are also drawn to the painted portraits that lead us to invented faces, not smiling, and merely classified by numbers. Far from being able to develop in these few lines all that we should say and think, I wanted to conclude with the idea that JYM skilfully manipulates the mask that we all sometimes wear.
Ask yourself some questions : What perspective should I consider ? Which of these double faces am I ? Am I myself or someone else ? Finally, where am I in someone else’s eyes ?
JYM touches on our fragility and our darkness. He makes it magnificent in the “pseudo-reality” of his photographs. He makes it universal and intriguing in his paintings.
Confront the many faces that will look at each other and meet yours.
Who knows what you'll find !